Les règles de bases pour réussir vos films

Réussir un film, faire un clip qui « tient la route », oui, c’est possible, même avec un smartphone. Et cela, même s’il a des limites. Voici comment faire pour les contourner.

Le smartphone fait tellement partie de la vie des réalisateurs qu’il existe même des festivals où tous les films présentés ont été réalisés avec smartphone. La réalisation, outre l’appareil qui va servir à capturer des images, c’est aussi une réflexion sur ce que l’on va filmer et comment.

Oui, vous pouvez faire un film qui « tient la route » avec votre smartphone. Oui, votre smartphone a des limites. Oui, il est possible de les contourner. Aujourd’hui, plus rien ne vous empêche de réussir un film en appliquant les règles de bases.

Bien entendu, il y a des écueils techniques propres au smartphone. Comme avec tout appareil. Mais au final, ce n’est pas le plus important.

Ce qui compte, c’est la façon dont vous allez raconter votre histoire. La manière dont vous allez structurer votre pensée avant de la convertir en image ; en fait, avant de la mettre en scène.

Car à appuyer sur un bouton pour lancer l’enregistrement, c’est déjà de la réalisation. 
Que ce soient sur un smartphone, un DSLR (appareil photo) ou une caméra.

On peut réussir un film avec un smartphone puisque des réalisateurs connus tournent avec !

Pour vous en convaincre, il suffit de visionner le film « Paranoïa » de Steven Soderberg, tourné intégralement à l’Iphone.

Ou le film de Michel Gondry « Détour », entièrement tourné avec un iPhone 7.

On peut également apprécier ces autres vidéos, totalement faites avec un smartphone, présentées et primées au Mobil film festival. On voit bien qu’il n’y a pas qu’une façon de raconter une histoire.

Et même Claude Lelouch pour son film « La vertu des impondérables » (2018) a été entièrement tourné avec un Iphone 10 ! Tout comme certaines scènes de la suite de « Homme et une femme » (2019). Il explique combien le téléphone portable « lui apporte de la souplesse et la possibilité de pousser encore plus loin son art de capter la vie ».

Claude Lelouch utilise un smartphone pour réaliser un film
Claude Lelouch en plein tournage avec son iPhone X et un stabilisateur DJI
(© Valérie Perrin – Metropolitan Filmexport)

Il faut un pitch (résumé du sujet d’un film). Puis, des idées pour savoir ce que vous allez filmer. Et enfin, un savoir-faire pour mettre en scène vos idées. 

Que vous soyez amené à réaliser un film de famille, pour votre société ou pour votre compte (si vous avez décidé d’en faire un métier d’appoint ou à temps complet), il faudra toujours concevoir des séquences avec un contenu. 

Un bâtiment, une avenue, une rue, un bureau…, avec ou sans « personnage », il est important de bien réfléchir avant d’appuyer sur le bouton « on ». Un plan en amène toujours un autre. Un film, c’est une continuité de plans qui doivent s’enchaîner de façon harmonieuse. Tous doivent avoir une cohérence. 

Les règles de base pour réussir un film, ça commence par les accessoires, un petit investissement qui change tout !

D’un point de vue technique, quatre points sont essentiels pour faire la différence entre un film d’amateur et professionnel. 

1 – Le son
2 – La lumière
3 – La valeur et la stabilité des plans
4 – Le montage

1 – Le son

Réussir un film, c’est d’abord réussir la prise de son. Les micros intégrés au smartphone sont de piètre qualité. Interview, son d’ambiance…, il est impératif d’équiper votre téléphone portable d’un micro que vous brancherez sur l’entrée casque.

Pour brancher un micro extérieur et avoir un « retour son » dans une seule et même entrée (celle des écouteurs), il faudra éventuellement acheter un câble TRRS (moins de 10 euros), en fonction de votre appareil. Pour rendre le branchement opérationnel, il faut équiper son téléphone portable d’un logiciel.

Un micro-cravate est idéal pour les interviews intérieurs. Cela fonctionne également très bien en extérieur, dès lors, qu’il n’y a pas de vent ou de bruits ambiants trop présents. 

Car ce type de micro est omnidirectionnel et très sensible : dès qu’on le touche, ça s’entend. D’où l’intérêt de pouvoir contrôler le son pour vérifier qu’il n’y a pas de bruits parasites, comme le frottement d’un col de chemise ! 

Sinon, comptez environ 100 € pour un micro très correct, dès lors que vous ne le placez pas trop loin de votre interlocuteur. L’idéal, c’est quand il n’apparaît pas à l’écran. Par exemple, en faisant un plan poitrine. Le micro sera posé sur un pied ou tenu à la main par un assistant placé hors champ. 

2 – L’éclairage

Outre le son, la partie lumière est aussi souvent négligée. Généralement, l’amateur se contente de la seule lumière qu’il a à sa disposition au moment du tournage : celle du jour ou de la pièce où il tourne.

Les kits de lumière led sont excellents et pas trop chers (entre 100 € et 200 €, au gré des promotions). Généralement, ils sont vendus avec un pied, ce qui est très pratique. 

Attention aux ombres qu’ils génèrent, notamment lorsqu’on shoote près d’un mur. Pour éviter cela, en toute logique, il faudra filmer en s’en écartant.

Si vous filmez à l’extérieur, et que le ciel est dégagé, le soleil peut devenir votre pire ennemi. Selon la saison et l’heure de tournage, il peut écraser votre sujet (entre 13 heures et 17 heures en plein été).

Habituellement, on se place de telle manière que le soleil soit derrière l’objectif. Ce qui sous-entend que si vous interviewez quelqu’un, il aura le soleil de face. Et un soleil plein les yeux, c’est idéal pour faire des grimaces ! Soyez attentif à ce genre de détail.

Les interviews sous un arbre peuvent aussi être néfastes. 
Sous l’arbre, il y a de l’ombre. Et autour, la lumière est très intense.

Le focus automatique de votre smartphone cherchera la bonne ouverture pour que votre sujet principal, l’interviewé, soit bien exposé. Conséquence, autour de l’arbre, tout sera cramé (surexposé). 

Si vous avez la possibilité de bloquer votre autofocus, comme c’est possible sur les IPhone, faites-le sur la partie la plus éclairée (autour de l’arbre).

Votre sujet sera donc bouché (sous-exposé). C’est là que vous sortez votre atout, la lumière. En éclairant la zone d’ombre (sous l’arbre), vous rattraperez le manque de luminosité. Voilà pourquoi la lumière sert aussi en extérieur. 

3 – La valeur et la stabilité des plans

Les règles de base pour réussir un film, c’est un ensemble de réflexes. Le premier d’entre eux consiste à utiliser le mode paysage (à l’horizontale) de votre smartphone. Sinon, vous aurez deux bandes noires sur les côtés et votre film n’occupera pas la totalité de votre écran, notamment à l’horizontale.

Ensuite, utilisez un pied (entre 20 € et 50 €) en sachant que plus vous investissez dans un pied, meilleure est la stabilité. En posant dessus un stabilisateur en forme de cage (environ 20 €), vous pourrez caler votre téléphone portable, placer votre micro et même un éclairage.

Un plan bien stabilisé fait toute la différence. Ne l’oubliez jamais.

Pensez à multiplier les valeurs de plans. Plans larges, plans poitrines, gros plans, voire très gros plans, c’est l’addition de toutes ces valeurs de plans qui font de vous autre chose qu’un débutant. 

Attention, il existe des règles. Principalement deux : la règle des 30 degrés et des 180 degrés. 

La règle des 30 degrés concerne l’angle formé entre deux axes de prises de vues sur un même sujet. Entre les deux axes, la valeur de plan doit être supérieure à 30 degrés. Sinon, vous risquez un effet de plan sur plan, une coupure disgracieuse (saute d’images).

La règle des 180 degrés est primordiale en cas, par exemple, d’une séquence dans laquelle se trouvent deux personnes, l’une à côté de l’autre, qui se regardent et qui, par exemple, parlent ensemble.

Les 180 degrés font référence à un cercle (360 degrés). La caméra peut se déplacer de gauche à droite, sans jamais franchir la moitié de cercle. Si elle le fait, elle passe de « l’autre côté » et les deux personnages seront inversés dans l’image

Celui de droite passera à gauche et celui de gauche à droite. Ce qui rendra incompréhensible la séquence, notamment lorsqu’il y a des dialogues.

4 – Le montage

N’espérez pas réussir un film sans réaliser un montage « qui tient la route » ! Le montage consiste à remettre dans le bon ordre tous les plans. Couper au bon endroit. Rajouter des plans de coupe qui servent à illustrer un propos, mais aussi à cacher les sautes d’images liées au montage d’une interview font partie du montage et des règles de base.

Si vous n’avez pas suffisamment de plans de coupe, vos ennuis commenceront au montage. Pensez lors du tournage à avoir un disque dur externe pour vider votre smartphone si celui-ci est plein. Et pour ramener beaucoup d’images.

Vos plans de coupe doivent avoir une durée comprise entre 5 et 8 secondes. 

Ils peuvent être plus longs si ce que vous filmez le nécessite. S’il le faut, vous le raccourcirez plus tard. Le montage sert aussi à cela.

Concernant le logiciel à utiliser, vous n’avez que l’embarras du choix. Soit, vous décidez de monter directement sur votre smartphone avec une application dédiée (iMovie sur IPhone). Les utilisateurs d’Android peuvent également monter directement sur leur appareil grâce à plusieurs applications. C’est possible, mais ce n’est pas l’idéal.

Soit, vous réalisez cette opération sur un ordinateur. Il existe de nombreux logiciels. Payants ou gratuits, à vous de voir.

Pour n’en citer que trois, si vous débutez, vous pouvez utiliser DaVinci Resolve qui permet, même dans sa version gratuite, de faire un montage de très grande qualité.

HitFilm Express est un logiciel qui a une version gratuite offrant tout ce que l’on a besoin pour monter.

Côté payant, la Suite Adobe propose Premiere Pro qu’on ne présente plus. Il existe maintenant un abonnement à prix réduit qui permet de l’obtenir. 

À noter que tous ces logiciels sont disponibles pour MAC et PC.

Raconter une histoire en filmant

Quelle que soit la nature de votre film, familial, corporate (d’entreprise) ou reportage, pour réussir un film, il faut raconter une histoire.

Donc, si vous devez filmer la conversation de deux sujets dans un couloir, faite votre découpe de plans. Soit dans votre tête. Soit sur une feuille de papier (story-board).

1 – Plan large : il permet au spectateur de savoir où l’action a lieu. En extérieur (sur un terrain vague, en ville, dans un jardin…). Ou en intérieur (dans un bureau, une salle, une cuisine…).

2 – Plan poitrine : si l’action montre deux personnages (A et B), il permet bien distinguer les visages, de la façon dont ils sont habillés… 

3 – Champ et contrechamp : toujours en partant de nos deux personnages, il permet l’alternance du plan du personnage A qui est le champ et le plan du personnage B qui est le contrechamp. Le champ, c’est ce que la caméra montre. Lors du tournage du champ et contrechamp, pensez à bien placer vos personnages respectifs dans le cadre. Ce placement doit respecter la façon dont ils sont placés dans le plan large et aussi dont ils se regardent.

Pour mieux comprendre, visionnez une séquence de film dans laquelle deux sujets se parlent. Ou lors d’un repas de famille mettant en scène plusieurs personnages.

La difficulté dans un film, c’est la multitude de choses à penser. Avec le temps, vous vous apercevrez qu’elles découlent toutes d’une logique. 

À vous maintenant de passer à l’action !

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